Je sors tout juste de 5 mois d’intenses négociations avec Elodie Navarro, dont l’interview m’aura demandé de puiser au plus profond de mes capacités…
Non allez j’avoue, je n’ai aucune excuse pour justifier cette période d’inactivité sur le blog ! Au contraire, malgré un emploi du temps de ministre, Elodie a gentiment pris le temps de répondre à mes questions.
Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de recevoir une championne de France, alors profitez bien de ses conseils avisés 🙂
Pour commencer, peux-tu te présenter ainsi que ton palmarès ?
Je suis kiné Ostéo et je cours depuis 6 ans en club. Avec mon équipe fille de l’endurance 72, nous avons eu tous les titres par équipe de semi, 10 kilomètres, ekiden et cross cette année ! Pour ma part, j’ai été championne nationale de 5000 mètres en 2011, vice-championne de 10 000 mètres en 2015 et je suis championne de France de marathon en titre.
Tu as couru Berlin il y a deux semaines, ton troisième marathon seulement. Comment expliques-tu cette progression et ces résultats ?
J’ai toujours été très régulière et j’aime le long. Du coup, je pense que le marathon m’a vite convenu. Après, je progresse juste de 2 minutes à chaque fois, il y a encore du travail !
Qu’est-ce qui t’as poussé à t’aligner sur cette distance ?
J’ai toujours voulu faire du long. On m’a demandé d’attendre un peu pour “apprendre” car je cours seulement depuis 6 ans. J’ai fini par me lancer sur cette distance mythique après avoir maîtrisé le semi.
En moyenne, quel est ton kilométrage hebdomadaire ?
Selon la distance que je prépare, je dirais de 80 à 150 kilomètres pour les très grosses semaines de stage.
Utilises-tu des données comme la VO2 max ou la VMA ?
Je ne cours pas au cardio non.
Décris-nous une semaine type de préparation marathon.
En général je cours tous les jours, je nage une fois et un peu de renforcement minimum.
Lundi footing, travail de gammes (je ne sors pas de l’athlé donc je travaille comme les petits 😉 )
Mercredi footing.
Jeudi VMA plus longue.
Vendredi footing et quelques côtes.
Samedi seuil.
Dimanche sortie plus longue.
Suis-tu un régime particulier ? Comment t’alimentes-tu ?
Je mange quasiment sans lactose et sans gluten car sinon je souffre pas mal d’inflammation articulaire.
Quel est ton petit déjeuner idéal un jour de course ?
Je mange tout le temps pareil que ce soit jour de course ou pas : pain (sans gluten), beurre, compote et café au lait de soja.
Comment gères-tu au quotidien tes exigences d’entraînements avec ta vie pro et perso ?
Je cours partout !!
Pas simple de gérer la récup’. Je suis quelqu’un qui ne tient pas beaucoup en place mais j’avoue que des fois, c’est un peu difficile de tout concilier. Je cours essentiellement le midi en semaine et sinon le matin le week-end.
Ton endroit préféré pour t’entraîner ?
Je cours beaucoup au parc municipal de ma ville à Flers. C’est plus simple le midi avec une piste juste à coté. Sinon le week-end quand on m’accompagne je vais sur une voie verte pour les séances longues.
Quel est selon toi le détail important négligé par la plupart des coureurs ?
Je pense que beaucoup veulent en faire trop (pour les coureurs qui débutent) et les autres on néglige un peu les “à coté”, comme le sommeil et la nutrition.
As-tu rempli ton objectif à Berlin ? Si non, quelle en est la cause selon toi ?
Pas vraiment, je visais moins de 2h40 (elle a réalisé 2h42’15 ndlr). Après c’est un ensemble : beaucoup de fatigue liée à mon activité professionnelle et je me suis sentie un peu seule dans ce marathon énorme.
Je n’ai pas eu de dossard élite, j’ai attendu une heure dans le froid et je n’ai pas eu de bonnes sensations par la suite. Un jour sans comme on dit…
Peut-on envisager de te voir courir au jeux de Rio l’été prochain ?
Je ne pense pas. La fédération française n’emmène que très peu d’athlètes et même si je suis dans les temps de qualification aux JO (2h43), la FFA a choisi de placer les minimas à moins de 2h30 chez les femmes.